Dynamique du retour des réfugiés en Syrie depuis le Liban

Dynamique du retour des réfugiés en Syrie depuis le Liban

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Abstract

La guerre civile en Syrie a provoqué des déplacements forcés à grande échelle, tant à l'intérieur de la Syrie que vers les pays voisins. Quels facteurs déterminent si les Syriens rentrent chez eux ? Avec le soutien du programme Peace & Recovery de l'IPA, des chercheurs de l'Immigration Policy Lab ont mené une enquête représentative auprès de plus de 3,000 2019 réfugiés syriens au Liban d'août à octobre XNUMX pour connaître leurs intentions de retour. L'enquête a révélé qu'une majorité souhaitait rentrer à un moment donné dans le futur mais pensait qu'il était trop tôt pour rentrer dans les prochaines années, et que les projets et les aspirations des réfugiés au retour sont largement façonnés par la situation en Syrie et moins par les conditions du pays d'accueil.

Question de politique

Dans le monde, plus de 26 millions de personnes vivent en tant que réfugiés - déplacées de force hors des frontières de leur pays d'origine. Un tel déplacement a des coûts énormes pour les personnes vivant en tant que réfugiés, en plus de poser des défis politiques aux États d'accueil et à la communauté internationale. En l'absence de réponses politiques efficaces, la communauté internationale s'appuie souvent sur la présomption que les réfugiés finiront par rentrer chez eux comme solution attendue au déplacement. Cependant, nous savons très peu de choses sur quand et pourquoi les réfugiés rentrent chez eux. Comprendre les intentions ne consiste pas seulement à se préparer à l'éventualité d'un retour, mais aussi à disposer des preuves nécessaires pour planifier des réponses, un plaidoyer et une politique à long terme pour les réfugiés.

Contexte de l'évaluation

La guerre civile en cours en Syrie a provoqué des déplacements forcés à grande échelle à l’intérieur du pays et vers les pays voisins, notamment le Liban, la Turquie et la Jordanie. Le Liban accueille désormais plus d'un million de réfugiés syriens, soit près d'un quart de la population du pays hôte. Dans un contexte de crise économique qui s'aggrave, le gouvernement libanais a pris des mesures pour encourager le rapatriement des Syriens, malgré les critiques. Ces crises superposées en Syrie et au Liban sous-tendent le contexte complexe dans lequel les réfugiés syriens doivent évaluer la décision de rentrer chez eux. 

Détails de l'intervention

Cette étude n'est pas un essai contrôlé randomisé.

Entre août et octobre 2019, les chercheurs ont mené des entretiens en personne avec plus de 3,000 XNUMX réfugiés syriens à travers le Liban. L'équipe de recherche a recruté un échantillon représentatif de Syriens au Liban, ce qui signifie que les données de l'enquête permettent aux chercheurs de tirer des conclusions sur l'ensemble de la population syrienne dans le pays. Lors d'entretiens, l'équipe de recherche a posé aux chefs de famille des deux sexes une série de questions liées à leurs intentions de retour, leurs conditions de vie au Liban, les conditions dans leurs lieux d'origine en Syrie et les emplacements de leurs réseaux de famille et d'amis.

Plus précisément, en ce qui concerne s'ils ont l'intention de retourner en Syrie et quand, les chercheurs ont demandé : 

  1. Prévoyez-vous de retourner en Syrie dans les 12 prochains mois ? 
  2. Dans deux ans, où pensez-vous vivre réellement ? 
  3. Espérez-vous retourner en Syrie et y vivre un jour ?

Les questions posées couvraient un large éventail de conditions au Liban et en Syrie afin d'évaluer leur importance relative dans l'influence des intentions de retour. Les personnes interrogées ont également été interrogées sur leurs sources d'information (par exemple, réseaux personnels, médias sociaux, médias d'information officiels, ONG, etc.) et sur la manière dont elles sont accessibles.
En outre, les chercheurs ont ensuite mené 36 entretiens qualitatifs semi-structurés, entre février 2020 et juin 2021, avec un échantillon distinct de réfugiés syriens vivant au Liban. Ces entretiens visaient à élucider davantage les expériences vécues et les comportements des réfugiés en explorant les antécédents migratoires, les intentions et les aspirations des personnes interrogées, ainsi que leurs processus de prise de décision tournés vers l'avenir.

Résultats et enseignements politiques

En 2019, la plupart des Syriens ont déclaré qu’ils espéraient rentrer un jour, mais seulement 27 % avaient l’intention de revenir dans l’année suivant les entretiens. Interrogés sur leurs projets dans deux ans, XNUMX % ont déclaré qu'ils s'attendaient à vivre en Syrie. Cependant, il existe des différences significatives entre l’endroit où les gens s’attendent à être dans deux ans et celui où ils souhaitent être :

  • Alors que 27 pour cent ont déclaré qu'ils s'attendaient à être en Syrie dans deux ans, 59 pour cent ont déclaré qu'ils souhaiteraient pouvoir y être.
  • Plus de 40 pour cent ont déclaré qu'ils s'attendaient à rester au Liban, mais moins de 15 pour cent ont déclaré qu'ils préféraient rester au Liban.
  • 20 pour cent des Syriens ont déclaré que l'Europe serait leur emplacement idéal, mais seulement XNUMX pour cent ont déclaré qu'ils s'attendaient à vivre en Europe.

Qu’est-ce qui influence la décision de revenir ?
Les résultats suggèrent que les intentions de retour à court terme des réfugiés dépendent probablement des conditions en Syrie. En revanche, les conditions au Liban ne permettent pas de prédire les intentions de retour des personnes interrogées, même lorsqu'on les interroge sur les conditions potentiellement pires à l'avenir.

En complément de l'analyse des données d'observation, les chercheurs ont mis en œuvre une évaluation d'enquête pour isoler l'effet causal des conditions en Syrie et au Liban sur les intentions de retour. L'évaluation présentait aux répondants des scénarios hypothétiques sur les conditions dans un an en Syrie et au Liban, et leur demandait s'ils retourneraient en Syrie.

Les résultats sont largement cohérents avec les données d’observation.
En moyenne, les conditions en Syrie jouent un rôle plus important dans la détermination des intentions de retour des personnes que les conditions au Liban. Les résultats suggèrent que la sécurité est le facteur de retour le plus puissant, la sécurité dans la ville natale et à l'échelle nationale augmentant les intentions de retour de 35 pour cent et 42 pour cent, respectivement. Au Liban, l'accès à un bon emploi et aux services publics joue un rôle mineur et négatif dans les intentions de retour des gens.

Un modèle seuil de retour des réfugiés
Les résultats de cette étude ont façonné un nouveau cadre pour comprendre la décision des réfugiés de rentrer chez eux. Selon ce cadre, l’impact des conditions du pays d’accueil sur la décision de retour est minime tant que les problèmes de sécurité dans le pays d’origine ne sont pas résolus. Cependant, une fois ces conditions de sécurité remplies, les réfugiés pèsent les avantages et les inconvénients du pays d’origine et du pays d’accueil avant de prendre une décision.

Ce cadre est étayé par les résultats d’une enquête expérimentale qui a évalué les conditions de sécurité en Syrie comme étant sûres ou dangereuses. Les résultats suggèrent des preuves limitées étayant l'influence de la disponibilité de l'emploi et des services publics au Liban et en Syrie sur les intentions de retour des réfugiés. Cependant, une fois les problèmes de sécurité dans leur pays d’origine résolus, les réfugiés prennent en compte les conditions économiques et sociales du pays d’accueil et du pays d’origine lorsqu’ils décident de rentrer.

Leçons politiques
Les résultats suggèrent que les gouvernements et les acteurs politiques qui cherchent à contraindre les réfugiés syriens à partir par le biais de politiques non permissives concernant l’accès au marché du travail, aux services, aux déplacements et au statut juridique échoueront probablement. Même les réfugiés confrontés à des difficultés considérables en raison de la pauvreté, de l’hostilité et des restrictions formelles de mobilité au Liban ne choisiraient pas de rentrer tant que les conditions dans leur pays d’origine resteront inadaptées. Les résultats soulignent la nécessité de solutions politiques et programmatiques durables et durables, y compris leur financement, pour améliorer les conditions de vie des réfugiés syriens dans un contexte de crise prolongée. 

Lien vers les résultats

22 août 2023