Les activités criminelles organisées, de par leur nature, sont difficiles à mesurer. Les données administratives sont souvent manquantes, problématiques ou trompeuses. De plus, les activités criminelles organisées sont sous-déclarées, et les taux de sous-déclaration peuvent être plus élevés là où les gangs sont les plus puissants. Les chercheurs qui espèrent quantifier le crime organisé sont systématiquement confrontés à des défis de taille. La collecte d'informations sur le crime organisé est par nature un processus lent d'essais et d'erreurs prudents. Cela varie d'une ville à l'autre, et généralement au sein d'une même ville. Des dizaines de chercheurs qualitatifs et quantitatifs ont montré que cela peut être fait avec soin, de manière éthique et avec une protection adéquate pour les sujets humains. Ce qu'ils ont tous en commun, c'est qu'ils s'engagent dans un lieu, et qu'ils prennent tous leur temps. Bien qu'il existe des risques, les avantages peuvent être énormes. Les informations que ces enquêteurs recueillent sont souvent rares et inestimables. Les responsables et les décideurs ont généralement peu d'informations sur les organisations criminelles, avec des conséquences terribles pour la politique, qu'il s'agisse d'inaction, de médiocrité ou de conséquences néfastes et imprévues. Ici, nous nous appuyons sur notre expérience en Colombie, au Brésil et au Libéria en matière de collecte de données systématiques sur les activités illicites et les groupes armés, afin de partager notre apprentissage avec d'autres chercheurs ou organisations qui financent la recherche dans ce domaine, qui peuvent trouver cela utile pour leur propre recherche. Nous abordons : les premières étapes avant de poser des questions, les défis et solutions courants, et les sources alternatives. Notre travail met jusqu'à présent l'accent sur la pertinence d'un travail qualitatif approfondi pour identifier les partenaires locaux ; la nécessité d'un pilotage intensif des instruments d'enquête et d'une surveillance étroite des sociétés d'enquête, allant de la manière dont elles embauchent les enquêteurs à la manière dont elles planifient et mettent en œuvre le travail sur le terrain ; le pouvoir d'utiliser des expériences d'enquête pour atténuer et mesurer l'erreur de mesure ; et la pertinence de la validation croisée des résultats avec des sources de données complémentaires.