Libérer le potentiel des groupes d'épargne grâce aux prêts collectifs et aux dossiers numériques : enseignements tirés de notre enquête de référence en Ouganda et au Malawi
Mukasa, un jeune homme originaire d'une zone rurale ougandaise, a rejoint un groupe d'épargne dans l'espoir que cela lui permettrait d'épargner pour démarrer une entreprise de vente de charbon de bois et subvenir aux besoins de sa famille. Mais le jour où les membres du groupe devaient recevoir leurs économies, le responsable a feuilleté le registre du groupe et a annoncé une terrible nouvelle : Mukasa ne recevrait pas assez pour démarrer son entreprise. Non pas parce qu'il n'avait pas suffisamment contribué, mais parce que les écritures comptables consignant ses contributions, ainsi que celles des autres membres, manquaient ou étaient mal enregistrées.
Les groupes d'épargne sont largement perçus comme un moyen pour les personnes n'ayant pas accès aux services financiers formels, notamment dans les communautés rurales, d'épargner et d'accéder à de petits prêts pour financer l'acquisition d'actifs pour leur entreprise et leur ménage. Cependant, leurs membres peinent souvent à épargner suffisamment, individuellement et collectivement, pour se soutenir mutuellement. Par conséquent, les groupes d'épargne ne parviennent souvent pas à répondre à l'intégralité des besoins de crédit de leurs membres. Ces groupes s'appuient également généralement sur des registres papier, sujets aux erreurs, aux dommages et, comme dans le cas de Mukasa, à la perte des relevés de transactions.
Pour relever ces défis, World Vision et ses partenaires, dont l’organisation de microfinance VisionFund et la société FinTech DreamStart Labs, testent deux interventions à grande échelle :
- un produit de prêt offert aux groupes d'épargne dans leur ensemble, que les membres gèrent et remboursent collectivement, et
- une application pour smartphone permettant de gérer numériquement les dossiers de groupe, à la place des registres papier.
World Vision s'associe à Innovations for Poverty Action pour mener une évaluation randomisée en Ouganda et au Malawi afin de déterminer si ces interventions améliorent l'inclusion financière, les moyens de subsistance, l'autonomisation des femmes et la cohésion sociale. (Pour en savoir plus, consultez le description de l'étude et Registre AEA RCT). Les récentes synthèse des preuves Les recherches sur les groupes d’épargne soulignent la promesse d’intégrer ces groupes aux institutions financières formelles et aux plateformes numériques, bien que les recherches rigoureuses dans ces domaines restent limitées.
Ce blog met en lumière les principaux enseignements d'une enquête initiale menée en juillet 2024, offrant un contexte précieux pour l'interprétation des résultats de l'évaluation. L'enquête finale est prévue pour juillet 2026, avec un cofinancement du BIGD. Initiative de recherche sur l'autonomisation économique des femmes et la finance numérique (WEE-DiFine).
- Les groupes d'épargne sont la principale source de crédit pour les membres, qui contractent en moyenne deux à trois prêts par an.Les membres des groupes d'épargne ont une forte demande de crédit. En Ouganda, 64 % des membres ont eu recours à des groupes d'épargne pour obtenir du crédit, contre 86 % au Malawi. Ces prêts étaient généralement beaucoup plus modestes que ceux provenant d'autres sources, représentant environ un cinquième du montant des prêts accordés par les banques ou les coopératives d'épargne et de crédit (SACCO).
Remarque : Nous avons exclu le gouvernement et les SACCO des sources de prêt, car ceux-ci ont enregistré 1 % ou moins de la part totale des répondants dans les deux pays.
- L'insécurité alimentaire est une préoccupation majeureAu moins deux tiers des participants des deux pays ont déclaré avoir eu recours à des aliments moins chers pendant neuf jours ou plus au cours du mois précédent en raison de contraintes financières. Environ un participant sur trois a mangé moins de repas pendant au moins une semaine au cours du mois précédent. Cela souligne le rôle du crédit non seulement pour soutenir les investissements à long terme, mais aussi pour aider les familles à subvenir à leurs besoins fondamentaux, comme l'alimentation, en période de difficultés financières. Si l'insécurité alimentaire persiste, elle peut également nuire à la nutrition et à la santé globales des participants, limitant potentiellement leur capacité à s'engager pleinement et à bénéficier des interventions.
- La possession d'un téléphone de base et l'accès à l'argent mobile sont répandus, mais la possession d'un smartphone est limitéeEn Ouganda, 89 % des participants possèdent un téléphone personnel, contre 60 % au Malawi. Cependant, seuls 29 % en Ouganda et 20 % au Malawi possèdent un smartphone, ce qui limite l'utilisation des outils basés sur un smartphone pour la gestion des comptes des groupes d'épargne. L'accès à l'argent mobile est également répandu – 91 % en Ouganda et 75 % au Malawi – permettant aux membres de recevoir des fonds par voie numérique.
- La confiance et la cohésion sociale, qui sont essentielles au succès des groupes d’épargne, sont élevéesDans les deux pays, environ 95 % des répondants ont déclaré faire confiance aux autres membres du groupe. Comme le montre la figure 2, le soutien informel, comme l'entraide entre membres et même entre non-membres, est assez courant en Ouganda. Ce niveau élevé de cohésion sociale crée une base solide pour la mise en œuvre efficace des interventions en matière de crédit et de registre numérique. Cependant, à mesure que les groupes adoptent les outils numériques, la réduction des interactions en face à face pourrait compromettre la cohésion du groupe. Nous suivrons et évaluerons cet impact potentiel lors de l'enquête finale.
Ces résultats de base fournissent des repères importants pour les principaux résultats et offrent un éclairage précieux sur le contexte actuel des groupes d'épargne. Dans les zones étudiées en Ouganda et au Malawi, les groupes d'épargne continuent de jouer un rôle crucial dans la promotion de l'inclusion financière des communautés vulnérables. Si le niveau élevé de confiance entre les membres garantit le succès potentiel des interventions, des défis tels que l'insécurité alimentaire et l'accès limité aux smartphones peuvent limiter leur impact.











