Le rôle des émotions dans la décision des individus de rejoindre des groupes armés dans l'est du Congo

Le rôle des émotions dans la décision des individus de rejoindre des groupes armés dans l'est du Congo

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Abstract

Les États fragiles et touchés par des conflits avec une faible présence gouvernementale offrent un terrain fertile aux organisations armées et terroristes pour imposer leurs propres structures de gouvernance. Dans ces contextes, il reste difficile de savoir si les motivations économiques ou personnelles sont les principaux moteurs de la participation individuelle à des groupes violents. En tirant parti d'une relation unique et durable avec une organisation armée dans l'est de la République démocratique du Congo, le chercheur vise à mieux comprendre qui rejoint les organisations armées et pourquoi, ainsi que l'effet des motifs de participation sur la performance au sein du groupe.

Question de politique

Les États fragiles et touchés par des conflits avec une faible présence gouvernementale offrent un terrain fertile aux organisations armées et terroristes pour imposer leurs propres structures de gouvernance. Le succès des organisations armées dans ces contextes repose sur leur capacité à entretenir le soutien populaire et à recruter continuellement de nouvelles recrues. Comprendre qui rejoint les organisations armées – et pourquoi – ainsi que les facteurs qui déterminent les performances et les trajectoires des individus au sein de ces groupes, est crucial pour dissuader cette forme de violence. Cependant, on ne sait toujours pas si les motivations économiques ou personnelles sont les principaux moteurs de la participation individuelle aux groupes armés. Cette recherche se propose d'éclairer cette question, en évaluant le rôle des croyances personnelles dans la motivation à participer aux groupes armés.

Contexte de l'évaluation

Malgré la présence de longue date des organisations humanitaires dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), plus de 100 groupes armés restent actifs dans la région et environ 4.5 millions de personnes sont toujours déplacées à l'intérieur du pays.1 Le conflit persistant et la faible présence du gouvernement dans les communautés rurales créent un environnement propice pour que les groupes armés installent leurs propres structures étatiques, recrutent de nouvelles recrues, perçoivent des impôts et maintiennent le pouvoir par la violence. Dans les provinces du Sud et du Nord Kivu, à l'est de la RDC, plus de 100 villages sont contrôlés par une organisation armée à grande échelle.

Les organisations armées dans l'est de la RDC mobilisent souvent du soutien et recrutent de nouveaux participants par le biais de campagnes d'information au niveau des villages. Cette stratégie de mobilisation, qui vise à changer les croyances et à façonner les préférences des individus, n'est pas propre aux acteurs violents. Les ONG, par exemple, organisent souvent des campagnes de sensibilisation sur des questions telles que la violence sexuelle, la discrimination ou la gouvernance de base de l'État. Dans le cas des groupes armés, ils utilisent ces types de campagnes pour promouvoir leur idéologie, renforcer les récits de victimisation et activer les sentiments sous-jacents, affectant en particulier les personnes dont les proches ont subi la violence d'autres groupes.

Détails de l'intervention

S'appuyant sur une collaboration de longue date avec l'organisation armée, le chercheur mènera une évaluation aléatoire pour mieux comprendre qui rejoint les organisations armées et pourquoi, ainsi que les effets des motifs de participation sur la performance individuelle au sein du groupe. Le chercheur aura accès aux dossiers administratifs mensuels de l'organisation armée et pourra suivre leurs opérations, les campagnes de recrutement et les nouvelles recrues. 

Les acteurs politiques et les économistes émettent généralement l'hypothèse que la décision de rejoindre des groupes armés est motivée par des motifs matériels et une pensée rationnelle. En conséquence, les gouvernements fournissent souvent une aide financière dans le but de décourager la participation. Pour tester cette hypothèse, le chercheur fournira au hasard des transferts monétaires à un sous-ensemble de ménages dans les villages sous le contrôle de l'organisation partenaire. Des enquêteurs du Centre de recherche de Marakuia Kivu se rendront dans ces villages après les campagnes de recrutement afin d'évaluer si les transferts monétaires peuvent réduire la probabilité que des personnes vulnérables rejoignent des groupes rebelles. 

Il est également possible que les victimes d'organisations armées soient plus enclines à rejoindre ces forces pour se venger ou venger les autres. Pour mesurer l'exposition des individus à la victimisation, l'équipe de recherche collectera des données sur les membres des ménages afin de cartographier leurs réseaux sociaux et d'établir un historique complet de leurs relations avec les membres des groupes armés. Ils recueilleront également des données sur une gamme de mesures psychométriques, notamment l'anxiété, la dépression et les capacités cognitives. 

Résultats et enseignements politiques

Évaluation en cours ; résultats à venir.

Sources

[1] « Violence in the Democratic Republic of Congo », Council on Foreign Relations, consulté le 22 avril 2019, https://www.cfr.org/interactive/global-conflict-tracker/conflict/violence-democratic-republic- congo

03 janvier 2020