La réintégration des anciens membres de groupes extrémistes violents est un défi politique urgent. Les gouvernements et les décideurs politiques doivent souvent faire changer d'avis les populations réticentes et modifier les normes communautaires perçues afin d'ouvrir la voie à une réintégration pacifique. Comment peuvent-ils le faire à grande échelle ? Des recherches antérieures montrent que les messages d'autorités de confiance peuvent être efficaces pour créer un changement d'attitude et modifier les perceptions des normes sociales. Dans cette étude, nous testons si les messages des chefs religieux - des autorités de confiance dans de nombreuses communautés du monde entier - peuvent changer les mentalités et modifier les normes autour d'un problème lié à la résolution des conflits : la réintégration d'anciens membres de groupes extrémistes violents. Notre étude se déroule à Maiduguri, au Nigeria, berceau du groupe extrémiste violent Boko Haram. Les participants ont été assignés au hasard pour écouter soit un message radio placebo, soit un message de traitement d'un chef religieux soulignant l'importance du pardon, annonçant le pardon du chef aux combattants repentis et appelant les partisans à pardonner. Les participants ont ensuite été interrogés sur leurs attitudes, leurs intentions de comportement et leurs perceptions des normes sociales entourant la réintégration d'un ex-combattant de Boko Haram. Le message du chef religieux a considérablement augmenté le soutien à la réintégration et la volonté d'interagir avec l'ex-combattant dans la vie sociale, politique et économique (8 à 10 points de pourcentage). Cela a également changé la croyance des gens selon laquelle d'autres membres de leur communauté étaient plus favorables à la réintégration (6 à 10 points de pourcentage). Nos résultats suggèrent que des autorités de confiance telles que les chefs religieux peuvent être des messagers efficaces pour promouvoir la paix.