Diffusion de l'information agricole à travers les réseaux sociaux et son impact sur les inégalités de genre au Mali
Abstract
Les réseaux sociaux sont souvent considérés comme un moyen rentable de diffuser des informations, mais il y a un manque de preuves pour savoir à qui donner des informations au sein d'un réseau pour mieux atteindre les autres au sein de la communauté. Des chercheurs ont mené une évaluation aléatoire au Mali pour étudier le rôle de la transmission d'informations à différentes personnes au sein d'un réseau dans la diffusion de ces informations. Les agriculteurs plus proches de ceux qui ont été formés avaient plus d'informations. Les agricultrices étaient moins susceptibles de recevoir des informations, ce qui indique que la diffusion d'informations via les réseaux sociaux peut renforcer les inégalités existantes entre les sexes.
Question de politique
Les innovations technologiques peuvent jouer un rôle central dans la promotion de la productivité agricole et l'amélioration du bien-être rural. Le partage d'informations avec les agriculteurs sur les avantages des nouvelles technologies peut leur donner les connaissances pratiques nécessaires pour adopter de nouvelles innovations. Dans la pratique, les agents de vulgarisation font souvent la promotion de nouvelles technologies agricoles par le biais de formations de groupe ou en ciblant des leaders d'opinion ou des agriculteurs leaders. Un tel ciblage via les réseaux sociaux peut jouer un rôle important dans la diffusion de l'information en renforçant les messages de vulgarisation ou en augmentant la participation. Cependant, cibler les agriculteurs leaders peut également exclure des membres de la communauté moins influents ou vulnérables, tels que les femmes. Si la structure des réseaux sociaux reflète les inégalités existantes entre les sexes, le partage d'informations via les réseaux sociaux peut renforcer ces disparités. Quelle est la meilleure façon de fournir des informations au sein d'une communauté afin qu'elle atteigne le plus de personnes sans exclure les groupes les plus vulnérables et les moins connectés socialement ? Existe-t-il un moyen de le faire de manière rentable?
Contexte de l'évaluation
Cette évaluation étudie un programme de diffusion d'informations au Mali qui enseigne aux agriculteurs les avantages du compostage. Le compostage consiste généralement à utiliser des matières organiques en décomposition pour améliorer la qualité du sol. Au Mali, les hommes et les femmes cultivent généralement des parcelles de terre séparées, ce qui fait d'eux tous les deux des décideurs dans ce contexte. Ainsi, les deux pourraient utiliser des informations sur les nouvelles technologies.
Selon les données des réseaux sociaux de 2011, les agricultrices dans ce contexte sont généralement moins connectées socialement que les agriculteurs. Les agricultrices ont en moyenne 63 % de contacts directs en moins et elles sont moins susceptibles de jouer un rôle de liaison entre les autres membres de la communauté qui ne sont autrement pas connectés.
Détails de l'intervention
Les chercheurs ont mené une évaluation aléatoire pour étudier le rôle des réseaux sociaux dans la diffusion de l'information agricole parmi les agriculteurs ruraux au Mali. Au sein de chaque communauté, quatre agriculteurs ont été sélectionnés pour recevoir une formation sur le compostage. Ils ont également reçu des calendriers d'information sur le compostage et ont été invités à distribuer ces calendriers à d'autres ménages. Les chercheurs ont varié au hasard quels agriculteurs au sein d'un réseau social ont reçu des informations initialement basées sur deux mesures différentes de la connexion sociale : le « degré » (le nombre de contacts dans le réseau social d'un agriculteur) et « l'intermédiarité » (la mesure dans laquelle l'individu connecte les autres au sein du réseau social). réseau). Au total, 52 villages ont été assignés au hasard à l'un des groupes suivants :
- Ciblage par degré: Dans 15 villages, les chercheurs ont sélectionné quatre agriculteurs (deux femmes et deux hommes) avec le plus haut degré (le plus de contacts) pour recevoir une formation directe et les calendriers d'information.
- Ciblage par intermédiarité: Dans 14 villages, les chercheurs ont sélectionné quatre agriculteurs les plus intermédiaires pour recevoir une formation directe et les calendriers d'information.
- Ciblage aléatoire: Dans 23 villages, les chercheurs ont sélectionné au hasard quatre agriculteurs (deux femmes et deux hommes) pour recevoir une formation directe et les calendriers d'information.
Les chercheurs ont utilisé les données des réseaux sociaux de 2008 et 2011 pour mesurer la connectivité sociale des individus au sein des réseaux. L'intervention a été mise en œuvre dans 30 villages en 2010 et 23 villages supplémentaires en 2011. Un mois après la mise en œuvre, les chercheurs ont visité des villages pour observer quels agriculteurs recevaient des calendriers et pour mesurer les connaissances des agriculteurs en matière de compostage.
Résultats et enseignements politiques
L'information atteignait principalement les personnes étroitement liées socialement aux premiers destinataires de l'information. Les agricultrices étaient plus susceptibles d'être exclues de la réception d'informations, même si elles ont autant de contacts directs avec les agriculteurs formés que les agriculteurs en moyenne. Les résultats impliquent que la diffusion d'informations par l'intermédiaire de personnes socialement influentes au sein d'une communauté peut diffuser des informations de manière rentable, mais peut également exclure les personnes moins connectées socialement, telles que les femmes.
Effet de la formation sur les connaissances : Les agriculteurs sélectionnés pour recevoir une formation directe ont connu une augmentation de 53 % de leurs connaissances en matière de compostage par rapport à ceux qui n'ont pas été sélectionnés pour la formation. Ces résultats indiquent que la composante formation du programme a été efficace dans la transmission des connaissances aux agriculteurs.
Diffusion de l'information à travers les réseaux : Dans tous les groupes, les agriculteurs qui ont une relation immédiate avec des agriculteurs formés étaient 30 % plus susceptibles de recevoir un calendrier. En comparaison, les agriculteurs sans relation immédiate avec des agriculteurs formés étaient 9.4 points de pourcentage moins susceptibles de recevoir un calendrier (une diminution de 33 %). Les connaissances globales sur le compostage ne différaient pas d'un groupe à l'autre. Cependant, le ciblage par intermédiarité a exclu les agriculteurs moins connectés des nouvelles informations.
Impacts différentiels selon le sexe : Dans l'ensemble, les femmes étaient moins susceptibles de recevoir un calendrier des destinataires initiaux de la formation et des calendriers, et étaient moins susceptibles d'acquérir des connaissances sur le compostage que les hommes. Dans tous les groupes, seulement 5 % des femmes ont reçu un calendrier, contre 23 % des hommes. Les femmes avaient également en moyenne 57 % moins de connaissances sur le compostage que les hommes dans tous les groupes. Cette inégalité informationnelle a augmenté dans le groupe qui ciblait les agriculteurs sur la base de l'intermédiarité. Pris ensemble, ces résultats suggèrent que le ciblage des informations via les réseaux sociaux peut renforcer les inégalités existantes en matière d'information entre les sexes.