Tarification des produits de santé dans le nord de l'Ouganda

Tarification des produits de santé dans le nord de l'Ouganda

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Abstract

Des recherches antérieures suggèrent que la facturation de frais d'utilisation, même très faibles, limite considérablement l'accès aux soins de santé préventifs, tels que les moustiquaires ou la purification de l'eau à domicile. Bien que la distribution gratuite de produits de santé dans les pays à faible revenu soit courante, il n'est pas clair s'il s'agit de la meilleure pratique pour tous les produits. Dans le nord de l'Ouganda, les chercheurs ont constaté que la distribution gratuite de trois produits de santé entraînait une baisse de la demande pour les mêmes produits lorsqu'ils étaient ensuite proposés à la vente, soulignant l'importance des caractéristiques des produits dans la détermination de la politique de prix.

Question de politique

Bien que la distribution gratuite de produits de santé dans les pays à faible revenu soit courante, il n'est pas clair s'il s'agit de la meilleure pratique pour tous les produits. Certains praticiens soutiennent que la distribution gratuite de produits vitaux est un impératif moral, tandis que d'autres soutiennent que la distribution gratuite rend en fait les consommateurs moins susceptibles d'apprécier et d'utiliser certains produits de santé.  

Des prix plus bas et des périodes «d'essai gratuit» augmentent la demande pour certains produits tout en donnant aux consommateurs la possibilité d'en apprendre davantage sur l'efficacité du produit. Selon les croyances antérieures sur la valeur du produit, cet effet d'apprentissage peut augmenter ou diminuer la demande ultérieure. Dans le même temps, des prix initiaux plus bas peuvent également servir de point de référence ou de «point d'ancrage» pour le client, ce qui pourrait réduire la demande ultérieure. Cette recherche a étudié comment l'apprentissage des produits et l'ancrage des prix affectent la demande future de produits de santé.

Contexte de l'évaluation

Cette étude a eu lieu dans le district de Gulu au nord de l'Ouganda, près des frontières du Soudan et de la République démocratique du Congo. Le district est éloigné et très rural, avec environ 95 pour cent de la population engagée dans la production agricole. Le district de Gulu a été déstabilisé par une insurrection de 1987 à 2006. À la suite de l'insurrection, la région a reçu une grande attention des ONG et du gouvernement. Comparé à d'autres régions de l'Ouganda, le district de Gulu a connu un volume relativement élevé de distributions gratuites ou fortement subventionnées de produits de santé. Les chercheurs pensent que ce paramètre fournit un bon terrain d'essai pour mesurer l'effet des prix passés sur la demande actuelle.

Détails de l'intervention

Des chercheurs se sont associés à deux organisations ougandaises1concevoir une expérience de terrain dans le nord de l'Ouganda où des produits de santé ont été distribués de porte à porte soit gratuitement, soit en vente aux prix du marché. L'évaluation a eu lieu auprès de 3,884 120 ménages dans XNUMX villages du district de Gulu.

Les commerçants proposaient 3 produits différents : a) Panadol, un analgésique largement connu des consommateurs ; b) Elyzole, un médicament vermifuge qui était moyennement connu mais qui avait des effets secondaires désagréables ; et c) Zinkid, un traitement amélioré contre la diarrhée infantile qui était largement inconnu mais qui fonctionnait bien et n'avait pas d'effets secondaires désagréables. En proposant trois produits différents avec différents degrés de familiarité, les chercheurs ont pu étudier spécifiquement si l'apprentissage des produits joue un rôle dans la demande future.

Les commerçants ont rendu visite à chaque ménage deux fois. Lors de la première visite, les commerçants d'une entreprise à but lucratif ou non lucratif ont proposé aux ménages l'un des trois produits soit gratuitement, soit en vente à des prix inférieurs à ceux du marché. Les commerçants d'une autre entreprise à but lucratif ont de nouveau rendu visite aux ménages environ 10 semaines plus tard. Les trois quarts de ces ménages se sont vu offrir le même produit qu'on leur avait offert la première fois, mais en vente au prix du marché. L'autre quart des ménages s'est vu offrir un autre produit de purification de l'eau pour évaluer tout effet potentiel sur la demande d'autres produits.

Résultats et enseignements politiques

La demande globale pour les trois produits était inférieure aux prix du marché si le ménage avait précédemment reçu le produit gratuitement. Par rapport aux ménages qui avaient précédemment acheté le produit au prix fort, les ménages qui ont reçu le produit gratuitement étaient 10 points de pourcentage moins susceptibles de payer le produit plus tard. Les réponses qualitatives des ménages étayent également cette conclusion : ceux qui ont reçu une distribution gratuite étaient plus susceptibles de déclarer qu'ils ne voulaient pas acheter le produit parce qu'eux-mêmes ou quelqu'un de leur communauté l'avaient reçu gratuitement dans le passé.

Les résultats globaux ont été entraînés par de fortes baisses de la demande de Panadol et d'Elyzole, deux produits très connus. La demande de Panadol était inférieure de 11.6 points de pourcentage (13.5 %) et la demande d'Elyzole était inférieure de 11.8 points de pourcentage (30.4 %). La demande n'était pas significativement plus faible pour le produit moins connu Zinkid, ce qui suggère que les distributions gratuites ou les subventions peuvent ne pas avoir d'effet sur la demande de nouveaux produits qui viennent d'être introduits. En d'autres termes, pour les nouveaux produits moins connus, l'effet d'apprentissage peut contrebalancer l'effet d'ancrage des prix.

La baisse relative de la demande suite aux distributions gratuites était la même que le produit soit proposé par une entité à but lucratif ou une ONG. Le fait d'avoir reçu un produit gratuitement n'a pas non plus eu d'effet sur la demande pour les différents produits de purification de l'eau, ce qui suggère que la demande plus faible, ou effet d'ancrage, persiste uniquement pour les produits identiques ou similaires. En résumé, alors que des prix plus bas aujourd'hui peuvent freiner la demande future en fixant des prix de référence bas, les opportunités d'apprendre la valeur d'un nouveau produit peuvent contrecarrer cet effet.

Sources

1. Une grande ONG basée à Kampala axée sur la distribution et la promotion des produits de santé et une société pharmaceutique basée à Kampala qui importe, distribue et commercialise des médicaments et d'autres produits à vendre dans tout l'Ouganda.

Le 23 juin 2015