« Je ne sais pas comment dire les choses, mais pour les garçons, il y a beaucoup à faire. Je ne sais pas si c'est de ma région ou si c'est tout le pays, mais pour les garçons, il y a beaucoup à faire pour les garçons.

Enseignant d'école primaire, comté de Kwale, Kenya

En travaillant sur un projet de recherche au Kenya, nous avons eu l'occasion de collecter des données qualitatives auprès d'enseignants du primaire. En travaillant sur des évaluations randomisées et plus largement dans la collecte de données primaires, nous rencontrons souvent des tendances nouvelles et émergentes : certaines directement pertinentes à nos études tandis que d'autres sont indirectement liées. Un jour, nous évaluions l'impact d'un service de messagerie texte éducatif et nous souhaitions en savoir plus sur les expériences des différents utilisateurs. Lorsque nous avons planifié ces entretiens qualitatifs, j'avais prévu que les enseignants pourraient se soucier du bien-être des filles. Les filles sont confrontées à des menaces et à des défis uniques. La recherche sur les chocs négatifs antérieurs tels que Épidémie d'Ebola a souligné à quel point les filles peuvent être vulnérables. Les fermetures d’écoles, en particulier, mettent les filles en danger. Effectivement, de nombreux enseignants lors de nos entretiens ont noté que lors de la réouverture des écoles, ils ont observé une augmentation des mariages et des grossesses précoces, et qu'un grand nombre de ces filles ne sont pas retournées à l'école. Ce que je n'avais pas prévu, c'est la fréquence à laquelle les enseignants évoqueraient l'éducation des garçons – un sujet qui revenait sans cesse.

Notre entretien s’est déroulé autour de la rentrée, suite aux fermetures d’écoles liées à la pandémie de COVID-19 et à des vacances scolaires supplémentaires. Nous avons interrogé les enseignants sur les résultats scolaires des enfants. La moitié des enseignants que nous avons interrogés ont déclaré que les filles réussissaient mieux que les garçons. Un enseignant a répondu : « Nous avons été surpris de constater que le score moyen des filles était meilleur que celui des garçons » et plus tard, à propos des résultats comparativement plus élevés des filles à l'examen standardisé du Kenya : « C'est comme si c'était une école pour filles. . Les filles menaient et les garçons suivaient.

Ce même enseignant avait déjà répondu à la question « Pensez-vous que le genre a joué un rôle dans la façon dont les enfants ont vécu la fermeture des écoles ? » en disant « J’ai vu un grand défi surtout chez les filles » et « Ce sont les filles qui ont été durement touchées ». Une autre enseignante a interprété son expérience scolaire comme une aberration, répondant à la question « Comment les enfants ont-ils réussi au dernier trimestre ? » avec : « Les garçons ont mieux réussi que les filles. Cependant, dans notre école, les filles étaient en tête. L’échange suivant tiré d’une de nos interviews illustre un échange typique :

Intimé: Les garçons sont à la traîne, ouais

Interviewer: Et pourquoi est-ce que?

Intimé: Eeh

Interviewer: Pourquoi, pourquoi sont-ils à la traîne ?

Intimé: (Riant) Je ne sais pas. Je ne sais pas. Ceux qui réussissent bien maintenant sont des filles

Il semblait que les enseignants étaient aux prises avec la complexité des différents récits et dynamiques de genre, ainsi qu’avec leurs observations. Cela m'a rappelé un projet sur lequel j'ai travaillé il y a plus de dix ans, dans lequel j'ai découvert que dans notre échantillon d'écoles primaires ougandaises, plus de garçons abandonnaient l'école que de filles. À cette époque, je n’ai pas trouvé beaucoup d’autres recherches ou discussions sur une telle tendance. Cette fois-ci, alors que j’examinais la question liée à notre étude au Kenya, il m’a semblé que dans un nombre croissant de pays à revenu faible ou intermédiaire, les écarts entre les sexes en faveur des filles étaient reconnus. En fait, à l’heure actuelle, dans toutes les régions et presque tous les pays du monde, taux de pauvreté d’apprentissage ou l'incapacité de lire et de comprendre un texte simple à l'âge de dix ans, sont désormais plus élevés chez les garçons que chez les filles.

J'ai contacté ma collègue Victoria Kiasyo Isika de notre équipe politique pour apprendre de son expérience et de son expertise en matière de recherche sur le genre. Ensemble, nous avons travaillé à l'analyse des données qualitatives de cette étude au Kenya et nous avons rédigé nos conclusions dans un brouillon. Nous discutons d'une série de questions différentes et de leur lien avec nos données, telles que les relations potentielles des filles avec des partenaires plus âgés et les tâches et responsabilités des enfants. Nous décrivons également quelques points clés à retenir.

Premièrement, les filles sont encore confrontées à de nombreux défis spécifiques qui affectent considérablement leur éducation. Même s’il existe une population de filles qui obtiennent des résultats relativement bons aux évaluations des apprentissages, d’autres filles peuvent encore avoir des difficultés, et les moyennes peuvent également masquer des variations importantes. Recherche en Afrique de l’Est a constaté que même si les filles ont en moyenne des niveaux d'apprentissage plus élevés que les garçons, il existe d'importantes variations infranationales, y compris au Kenya.

En outre, même si les résultats scolaires comparatifs des filles s'améliorent, il reste nécessaire de s'attaquer à des problèmes sociétaux interdépendants mais plus larges, tels que la violence à l'égard des femmes et des filles, et même si l'avantage éducatif des filles est documenté depuis des années, comme dans des contextes comme l'Afrique du Sud, cela ne s’est pas traduit par une réussite ultérieure sur le marché du travail.

Deuxièmement, nous avons besoin de davantage de recherches, de données et d’enquêtes sur la vie et l’éducation des garçons. Lors de nos entretiens, les enseignants ont évoqué plusieurs problèmes dans leur discussion sur les garçons, depuis la drogue et l'alcool jusqu'à la discothèque. Matangas (fêtes funéraires pour célébrer les défunts), à boda-boda (moto-taxi) et d'autres opportunités génératrices de revenus, mais les enseignants semblaient souvent spéculer. Plusieurs enseignants ont admis qu’ils ne savaient pas ce qui pouvait expliquer les tendances et la dynamique qu’ils avaient observées.

L'attention croissante accordée à l'éducation des garçons ne devrait pas détourner l'attention des efforts continus visant à soutenir les filles, et ne devrait pas être formulée en opposition à l'éducation des filles. Il est extrêmement important que les efforts visant à comprendre et à relever les défis auxquels les garçons sont confrontés n'alimentent pas une réaction négative à la perception de l'avancement des filles, une dynamique que nous avons identifiée lors de nos entretiens. Un enseignant de notre échantillon, par exemple, a décrit la nécessité de soutenir les garçons en disant : « Quand nous parlons du genre masculin (…) je pense qu’il y a beaucoup à faire pour les ramener dans la société telle qu’elle était. . L’accent est mis sur le genre féminin, laissant le genre masculin à l’écart. Cela a donc conduit à décourager ce genre. Ce type de présentation pourrait compromettre les progrès importants qui ont été réalisés dans l'éducation des filles et présente également de manière inexacte le travail visant à réduire les inégalités entre les sexes dans l'éducation comme un compromis à somme nulle.

Il y a une source d'inspiration Un ensemble de preuves cela montre que l’intervention éducative peut améliorer l’apprentissage des garçons et des filles. En outre, il est important de reconnaître que les systèmes patriarcaux et certaines normes sociales peuvent impact négatif les garçons et les filles. Comprendre ces dynamiques nécessitera des investigations et des recherches à plusieurs niveaux : des recherches approfondies, contextualisées et locales, ainsi qu’une analyse des tendances régionales et mondiales de plus haut niveau. La comparaison de ces différentes perspectives permettra de mettre en lumière la complexité et les nuances de ces questions.

Dans une récente en direct, nous avons entamé une conversation sur le thème des tendances émergentes en matière d'écarts entre les sexes et mis en évidence les perspectives locales, régionales et mondiales. Victoria et moi avons présenté notre recherche qualitative au Kenya, Rebecca Thornton de l'Université Baylor a présenté Garçons à la traîne : révéler les différences entre les sexes dans la réussite scolaire en Afrique de l’Est, et Laura Gregory a présenté Sous-performance scolaire chez les garçons et les hommes. Nous avons également appris des idées et des perspectives politiques du Kenya et de la Zambie. L’un des principaux points à retenir de notre discussion a été l’importance de reconnaître la complexité et la nuance de ces questions ainsi que la nécessité de disposer de davantage de données et de recherches. Nous avons hâte de poursuivre cette conversation !