IPA et l’Union Européenne partage les leçons de l'évaluation d’impact d'un projet multidimensionnel de résilience des communautés vulnérables à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle au Burkina Faso
L'événement a été couvert par les médias locaux, notamment L'Economiste du Faso, lefaso.net, et Téléviseur BF1 (commence à 18 : 10).
Le 6 décembre 2022, l'IPA Afrique de l'Ouest Francophone (IPA FWA) a organisé un atelier pour diffuser le résultats finaux de l'évaluation d'impact du Programme de Résilience des Communautés Vulnérables à l'Insécurité Alimentaire et Nutritionnelle, financé par la Délégation de l'Union Européenne (DUE) dans le cadre du Fonds Fiduciaire d'Urgence de l'UE, et mis en œuvre par deux consortiums d'ONG-PROMIRIAN et RESIANE-au Burkina Faso.
Pour la mise en oeuvre du programme de recherche, cent soixante-huit villages (168) ont été répartis en quatre groupes de façon aléatoire :
- Groupe 1 : Transferts monétaires : les ménages éligibles de 42 villages sélectionnés ont bénéficié de transferts monétaires pendant la durée de la période de soudure,
- Groupe 2 : Transferts monétaires + actifs productifs : en plus du transfert monétaire, les ménages éligibles de 41 villages ont eu la possibilité de choisir entre des bons d'achat de bétail pouvant être échangés contre des moutons ou des poulets, ou des bons d'achat de semences pouvant être échangés contre des variétés de semences améliorées.
- Groupe 3 : Transferts monétaires + actifs productifs + nutrition : Les ménages de 42 villages ont bénéficié des transferts monétaires, des actifs productifs et d’une assistance nutritionnelle.
- Groupe témoin : Les ménages de 43 villages n'ont bénéficié d'aucune des interventions susmentionnées.
L’atelier a réuni des décideurs politiques, des chercheurs, des experts techniques et des organisations de mise en œuvre intervenant dans le domaine de la santé et de la nutrition. <p><br>Andrew Dillon, chercheur de l'université de Northwestern et Aliou Diallo, Manager de recherche pour IPA Afrique de l’Ouest Francophone, tous deux chercheurs dans le cadre de l'étude, ont présenté les résultats. Ces résultats révèlent que les différentes composantes (transferts monétaires, actifs productifs, nutrition) du programme ont eu un impact positif sur la nutrition infantile, les investissements productifs, et sur les finances des ménages.</p>
- Impact sur la nutrition infantile
- ▪ Les ménages qui ont reçu le programme complet (T3) ont vu la nutrition chronique de leurs enfants baisser d’un tiers un an après la fin du programme ;
- ▪ Le développement cognitif et moteur des enfants a légèrement augmenté dans le groupe T3 ;
- ▪ L’insécurité alimentaire a baissé dans tous les groupes d’intervention, et de manière persistante dans le groupe T2 ;
- Impact sur les investissements productifs
- ▪ Les ménages ont utilisé les transferts pour augmenter leurs actifs agricoles, et cet effet persiste deux ans après la fin du programme ;
- ▪ Le nombre de parcelles exploitées augmente aussi légèrement un an après la fin du programme (+0.384 Ha) ;
- ▪ La valeur du cheptel des animaux transférés (volaille/brebis) a augmenté en T2 et T3. Pour T2, l’impact persiste deux ans après la fin du programme ;
- Impact financier du programme
- Le programme complet a aussi favorisé l’épargne et tous les groupes d’interventions ont remboursé des prêts ;
- Les ménages des groupes traitement ont contracté moins d’emprunts ;
- De manière générale, le programme a fait baisser le nombre d’individus très pauvres, particulièrement pour le programme complet (T3).
- Implications pour la conception des programmes de protection sociale
- ▪ Les programmes de protection sociale doivent favoriser des investissements durables (Investissements productifs (équipement agricoles), Investissements humains (nutrition, éducation, santé)) ;
- ▪ Les programmes de transferts monétaires purs ne semblent pas produire des investissements durables significatifs : une grande partie des transferts ont utilisés pour la subsistance (alimentation) & une bonne partie des transferts d’animaux ont été mangés, perdus ou vendus après l’enquête intermédiaire ;
- Les programmes combinant transferts monétaires et investissements productifs semblent plus efficaces sur le long-terme ;
- Malgré les conditions difficiles de sécurité, un programme de ce type peut être mis en œuvre de manière efficace.
Les résultats de l’étude ont suscité des échanges entre les participants et les chercheurs . Au regard des participants composés de décideurs, de représentants d’ONGs et d’organisations internationales, l’atelier a été une opportunité pour faire une brève introduction sur les méthodes et outils d’évaluation des politiques publiques, particulièrement sur les Essais Contrôlés Randomisés (RCT). Cette présentation a suscité des discussions fructueuses sur la dimension éthique des RCTs, l’effet de contagion d’interventions similaires sur le groupe de contrôle pouvant compromettre l’analyse de l’impact du programme et l’anticipation de l’influence de la perdition des ménages sur les résultats de l’étude.
Cette session de dissémination a significativement contribué au débat politique en cours au Burkina Faso sur l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, notamment dans le contexte de crise sécuritaire et humanitaire que vit le pays. Elle a également offert un cadre aux décideurs et aux praticiens du développement de discuter des résultats de la recherche en vue d'informer les programmes multidimensionnels de résilience et de protection sociale.
Avant cette dissémination, les résultats issus de ce projet de recherche ont aussi été partagés le 17 octobre 2022, à l’occasion d’un atelier diagnostic pour l’élaboration du Programme National des Filets Sociaux, qui est en phase de mise à l’échelle après une phase pilote probante. L’atelier était organisé par le Ministère de la Solidarité Nationale et de l'Action Humanitaire du Burkina Faso, et a mobilisé les acteurs intervenant dans le domaine de la protection sociale, notamment le Ministère des finances, de l’économie et de la prospective, le Secrétariat Permanent du Conseil National de Protection Sociale, la banque mondiale, la FAO, etc. De fructueux échanges ont permis aux participants de mieux s’approprier les résultats pour les travaux lors d’atelier.