L'impact des femmes décideurs politiques sur les biens publics en Inde

L'impact des femmes décideurs politiques sur les biens publics en Inde

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Question de politique

En 2008, les femmes représentaient 18 % des parlementaires dans le monde et seuls 13 pays avaient une femme chef de gouvernement. Cette sous-représentation a incité les gouvernements à adopter des politiques de réservation ; garantir aux femmes un rôle dans le leadership politique en réservant une certaine proportion de sièges aux candidates. Les politiques de réservation ont clairement un fort impact sur la représentation des femmes, et certaines preuves suggèrent que les femmes et les hommes ont des préférences politiques différentes. Cependant, on sait très peu de choses sur l'impact réel de la représentation des femmes sur les décisions politiques.

Contexte de l'évaluation

En 1993, un amendement constitutionnel en Inde a demandé qu'un tiers aléatoire des postes de chef de conseil de village, ou pradhan, soit réservé aux femmes. Le conseil de village, qui englobe entre cinq et quinze villages, est responsable de la fourniture d'infrastructures locales - telles que les bâtiments publics, l'eau et les routes - et d'identifier les bénéficiaires des programmes gouvernementaux. Bien que toutes les décisions du conseil de village soient prises à la majorité, le pradhan est le seul membre à plein temps et exerce un contrôle important sur les décisions finales du conseil. Le conseil de village est tenu d'organiser deux réunions de village par an, au cours desquelles ils présentent leur projet de budget et rendent compte de leurs activités au cours des six mois précédents. Le pradhan doit également mettre en place des heures de bureau régulières où les villageois peuvent déposer des plaintes ou des demandes.

Détails de l'intervention

Les chercheurs ont étudié les conséquences politiques de la représentation obligatoire en déterminant s'il y avait une différence dans la fourniture de services sociaux entre les conseils de village dirigés par des hommes et des femmes. Comme les conseils de village ont été choisis au hasard pour être réservés aux femmes, les différences dans les décisions d'investissement peuvent être attribuées au statut réservé du conseil.

Les données ont été recueillies à deux endroits : Birbhum au Bengale occidental et Udaipur au Rajasthan. À Birbhum, les données ont été recueillies en deux étapes. Tout d'abord, dans chaque conseil de village, les chercheurs ont mené un entretien avec le pradhan, l'interrogeant sur ses antécédents familiaux, son éducation, son expérience politique antérieure, ses ambitions politiques et les activités récentes du conseil de village. Dans la deuxième étape, parmi les 5 à 15 villages représentés par chaque conseil de village, trois villages ont été sélectionnés au hasard pour être interrogés sur les biens publics disponibles et les infrastructures existantes. Les chercheurs ont également recueilli les procès-verbaux des réunions du village et recueilli des données sur les plaintes ou les demandes qui avaient été soumises au conseil du village au cours des six derniers mois. Deux ans plus tard, les mêmes données au niveau du village ont été recueillies auprès de 100 conseils de village à Udaipur. Cependant, il n'y a pas eu d'interviews de pradhan.

Résultats et enseignements politiques

Les résultats suggèrent que la réservation a affecté les choix politiques. En particulier, elle a affecté les décisions politiques d'une manière qui semble mieux refléter les préférences des femmes. Au Bengale occidental, les femmes se sont plaintes plus souvent que les hommes de l'eau potable et des routes - 31 % des plaintes des femmes concernaient l'eau potable et 31 % concernaient l'amélioration des routes, contre 17 % et 25 % des hommes, respectivement. Ces préférences se sont révélées dans les décisions d'investissement des conseils villageois réservés. Les conseils villageois réservés aux femmes ont en moyenne investi dans 9 installations d'eau potable supplémentaires et amélioré l'état des routes de 18 %.

Au Rajasthan, 54 % des plaintes des femmes concernaient l'eau potable et 19 % concernaient les programmes d'aide sociale, contre respectivement 43 % et 3 % pour les hommes. Contrairement au Bengale occidental, par rapport aux hommes, les femmes se plaignent moins fréquemment des routes. Seulement 13 % des plaintes des femmes concernaient les routes, contre 23 % des plaintes des hommes. Cette répartition des préférences s'est à nouveau révélée dans les décisions d'investissement des conseils villageois. Les conseils villageois réservés aux femmes ont investi en moyenne dans 2.62 installations d'eau potable supplémentaires et ont moins amélioré l'état des routes, ce qui a entraîné une détérioration de 8 %.

Les chercheurs ont cherché à savoir si ces résultats pouvaient s'expliquer par le fait que les femmes pradhans étaient inexpérimentées, qu'elles se percevaient comme étant moins susceptibles d'être réélues ou qu'elles avaient tendance à provenir de milieux plus défavorisés que les hommes. Cependant, il n'y avait aucune preuve que l'impact politique des réserves était motivé par des caractéristiques autres que le sexe du pradhan.

Dans l'ensemble, ces résultats indiquent que le sexe d'un politicien, et son identité plus généralement, influencent les décisions politiques. Cette constatation est susceptible d'avoir des implications au-delà de la politique de réservation.

Couverture médiatique sélectionnée :
02 septembre 2014